Samarcande, les incontournables
Notre première journée à Samarcande est consacrée aux trois grands classiques : le Registan, le Gour Emir et la mosquée Bibi Khanum avec quelques incursions dans la ville traditionnelle. On prend notre temps, les distances entre les monuments sont longues et nous sommes à pied...
Le Registan
Autrefois, la place du Registan (littéralement "place de sable", pour le sable jeté sur la place pour absorber le sang lors des exécutions publiques...) était le coeur de Samarcande, lieu d'échange et de manifestation. Aujourd'hui, les maisons et bazars ont disparu et ont dégagé trois superbes madrasas regroupées autour d'une place nette souvent écrasée de soleil !
A l'est, la madrasa Chir Dor "qui porte les lions", construite au XVIIe siècle à la place d'un caravensérail. Elle se distingue des autres par ses deux bulbes cannelés et par ses deux tigres-lions ornant le haut du portail, une entorse aux règles artistiques dans l'islam qui interdit la représentation d'êtres vivants.
A l'ouest, la madrasa Oulough Begh (du nom du petit-fils de Tamerlan) date du début du XVe siècle. C'était alors la plus grande université d'Asie Centrale. On y étudiait le Coran mais surtout les sciences et l'astronomie.
A l'intérieur, décors géométriques et porte en bois sculpté.
La madrasa Tilla Kari "couverte d'or" ferme la place au nord et date du milieu du XVIIe siècle. Elle accueillait la mosquée du vendredi en remplacement de celle de Bibi Khanoum déjà en ruines. C'est dans cette madrasa que résidait Ella Maillart en tant que voyageuse étrangère en 1932. Plutôt sympa comme résidence !
L'impressionnant décor à la feuille d'or sur fond bleu nuit de la voûte de la mosquée est peint en trompe l'oeil (en réalité le plafond est plat). Les salles annexes de la mosquée abritent des artisans et une exposition photo sur l'histoire du Registan et sa rénovation.
Le Gour Emir
De l'autre côté de la ville, à la suite d'une vaste et longue esplanade se trouve le Gour Emir " le tombeau du souverain". Ce monument dédié à Tamerlan et à ses descendants est devenu depuis l'indépendance le symbole de la renaissance de la grandeur de la nation ouzbek.
Au départ, ce mausolée fut construit par Tamerlan pour son petit-fils Muhammad Sultan, mort en Perse durant une campagne militaire. Mais le "Grand Timur" mourut durant les travaux en 1405. Celui qui voulait se faire enterrer dans sa ville de naissance, Shahrisabz, dut se contenter de ce "petit" tombeau familial.
Au centre du mausolée, six dalles funéraires en marbre entourent celle de Tamerlan en néphrite de couleur vert foncé, fendue en son milieu par Nadir Shan, un conquérant perse du XVIIIe siècle. Il faut cependant savoir que les tombeaux ne sont que des leurres. Les dépouilles sont toujours enterrées en-dessous dans les cryptes.
La décoration intérieure de la voûte et des parois ne laisse pas de marbre !
Le dôme extérieur est haut de 32 m.
La mosquée Bibi Khanum
Cette mosquée fut construite par Tamerlan en l'honneur de sa femme Bibi Khanum, fille de l'empereur de Chine à partir de 1399. En fin d'après-midi, cet endroit est vraiment reposant et très agréable.
La légende s'empara rapidement de la suite de l'histoire. Tamerlan partant à la guerre, Bibi Khanum s'occupa de superviser les travaux. L'architecte obtint un baiser de la belle en échange de les finir dans les temps. Mais bien que donné à travers la main, il laissa une marque sur sa joue. Tamerlan entra dans une colère folle et poursuivit l'architecte jusqu'au sommet d'un minaret d'où il s'envola vers la Perse. Quant à Bibi Khanum, elle fut jetée du haut d'un autre minaret. Depuis ce jour, Tamerlan ordonna à toutes les femmes de se voiler le visage pour ne pas tenter les hommes lorsque leurs maris sont à la guerre ("no comment" sur la chute de l'histoire...).
Les dimensions de cet ensemble étaient et demeurent colossales. Une immense cour carrée, une salle de prière haute de 40 m, de nombreux minarets, deux mosquées plus petites au sud et au nord qui se font face. Mais dès le départ, cette mosquée subit de nombreuses dégradations liées à une construction trop rapide et des séismes répétés.
Sur le lutrin de marbre au centre de la cour reposait le Coran d'Osman datant du VIIe siècle rapporté par Tamerlan de Damas. La croyance populaire veut que celle qui rampe dessous entre les arches de marbre devienne fertile.
Entrée et décors des murs et de la coupole de la mosquée sud.
Une première journée bien remplie qui laisse présager d'autres merveilles...