Le cinéma de Marsuline

Ida, un film de Pavel Pawlikowski

Au mois de février, record battu, je suis allée quatre fois au cinéma pour voir des films très différents et mon coup de coeur revient à Ida, un pur chef d'oeuvre. Dans la Pologne des années 1960, une jeune fille élevée dans un couvent, juste avant de prononcer ses voeux, recherche la vérité sur sa famille en compagnie de sa tante, juge communiste. Entièrement tourné en noir et blanc, Ida est avant tout un film esthétique où même le laid devient beau. Chaque plan est une photographie à part entière avec parfois des cadrages surprenants. Peu bavard, ce film joue avec les émotions des personnages. La jeune nonne est ainsi beaucoup plus forte qu'elle ne le laisse paraître au départ comme si sa foi l'aidait à surmonter sa propre histoire. Quant à sa tante, criante de vérité face à ses contradictions, elle est à l'image du régime politique polonais de l'époque : dure et fragile à la fois.

 

Les Belles et les Bêtes

Je suis beaucoup plus nuancée au sujet de La Belle et la Bête de Christophe Gans, c'est l'exemple même de la bonne idée qui tourne vinaigre, gâchée par une multitude de détails fantastiques et incongrus (les petits chiens ridicules, les géants de pierre, les vulgaires voleurs). Le jeu de Léa Seydoux n'est pas non plus à la hauteur. Certes les décors sont splendides, la bête majestueuse (je préfère personnellement la bête au prince) et l'idée des origines intéressante. Pour comparer, je me suis amusée à revoir le film de Jean Cocteau avec Jean Marais. On est surpris par la magie et le merveilleux qui se dégagent de ce film : les chandeliers sont des mains qui s'animent et les pilastres de la cheminée représentent des bustes d'hommes, témoins privilégiés de l'histoire. Dans cette version si différente, la poésie l'emporte sur le racolage.

 

Les autres films

American Bluff de David O.Russel : Une belle brochette d'acteurs au service d'un film sympa et distrayant mais sans plus. David O.Russel nous avait habitué à beaucoup mieux (Fighter, Happiness Therapy). Le film est trop long et l'intrigue a du mal à s'installer. Reste de bons moments et des personnages attachants comme celui joué par Christian Bale.

Minuscule, la vallée des fourmis perdues de Thomas Szabo est un film d'animation réalisé en décors naturels (merveilleux Mercantour). On passe un très bon moment en compagnie de ces insectes ingénieux. Le siège de la fourmilière et la poursuite dans la rivière sont vraiment des scènes très réussies.